Pourquoi cette Chaire a-t-elle été fondée ?
La Chaire E-LoDi pour E-Logistique et Digitalisation de la prise en charge thérapeutique en établissements de santé, a été conçue pour essayer de réunir autour des mêmes thématiques les industriels, les chercheurs académiques et les cliniciens afin d’améliorer le circuit des produits de santé. Les outils digitaux sont de plus en plus présents quotidiennement dans notre pratique pharmaceutique, tout comme l’informatisation, l’intelligence artificielle, la réalité virtuelle et la réalité augmentée. Tout ce champ d’application doit, selon nous, être investigué pour développer l’usage optimal de ces outils afin d’obtenir un circuit davantage fluidifié.
Quelles sont les thématiques sur lesquelles vous travaillez ?
Nous nous concentrons sur trois thèmes. Tout d’abord, l’utilisation de la réalité augmentée pour la fabrication des médicaments dans le cadre d’essais cliniques en cancérologie - nous sommes déjà robotisés hors essais cliniques. L’analyse des risques de la PUI a démontré que les risques les plus importants portent sur les essais cliniques car les protocoles sont complexes et nous ne disposons pas de données stabilisées. Nous avons donc créé un protocole avec l’usage de la réalité augmentée dans lequel les étapes de production des médicaments sont décrites et implémentées dans le champ de vision des préparateurs en pharmacie via des lunettes de réalité augmentée. Ils peuvent ainsi réaliser les actes en routine en suivant les étapes en temps réel. Tous se disent totalement satisfaits par un accompagnement pas à pas, qui réduit le stress de commettre des erreurs. Ils ont été formés à l’usage de ces lunettes, en travaillant en compagnonnage, sur une dizaine de préparations avant d’exercer en autonomie. Aujourd’hui, l’utilisation des lunettes de réalité augmentée fait partie intégrante des protocoles du service. Nous disposons de deux casques dédiés.
Nous avons initié l’usage de ce type d’outils, notamment parce que nous avons développé cette solution en interne, de façon interdisciplinaire avec des chercheurs de l’École centrale de Lille. Nous avons toutefois signé un accord avec un partenaire éditeur informatique, afin de mettre cette solution à la disposition des centres hospitaliers souhaitant l’utiliser avec leur logiciel de préparation de chimiothérapie pour éviter le double contrôle.
Sur quoi porte votre troisième thématique de recherche ?
Nous travaillons sur la logistique robotisée avec des robots mobiles autonomes (RMA), qui se déplacent au sein de l’hôpital, pour transporter les médicaments dans les services. Le fonctionnement de la PUI s’appuie beaucoup sur la robotisation et nous souhaiterions améliorer son usage notamment en parvenant à coupler les robots logistiques à ceux de la distribution. Pour le moment, cette interopérabilité n’est pas possible car les robots sont issus de sociétés différentes. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous souhaitons créer une Chaire nationale. Aujourd’hui, la Chaire industrielle E-LoDi est locale et nos financements de la métropole lilloise et de l’Université de Lille courent jusqu’en 2024. Il nous faudra ensuite en trouver de nouveaux. En parallèle, nous avons créé un consortium avec plusieurs industriels, éditeurs, sociétés de robots logistiques, sociétés de robots de remplissage de dose, le CEA, etc. pour mener une réflexion plus globale à l’échelle d’une Chaire nationale. Nous avons déposé un dossier pour obtenir des financements via un appel à projet de BPI France. Notre objectif est de rassembler autour du projet pharmaceutique toutes les compétences permettant de travailler à l’amélioration du circuit car seuls, les pharmaciens, les logisticiens, les informaticiens, ne peuvent y parvenir.
Qu’en est-il de votre living lab* ?
Il devrait être finalisé pour la fin 2024. L’objectif est de nous servir de la base de données du CHU, en faisant une copie du système informatique, pour créer des données de santé artificielles, sur la base de données patients anonymisées. Elles permettent aux industriels de tester leurs logiciels, leurs automates, leurs nouvelles solutions, sur des données de patients simulés en grand nombre pour une même pathologie, donc représentatives. Ce living lab, qui représente un projet à lui seul, nous permet de travailler sur nos trois thématiques. Nous avons dû répondre à différentes contraintes réglementaires pour parvenir à mener à bien ce projet.
Les pharmaciens hospitaliers sont-ils impliqués au sein de la Chaire ?
Ils le sont directement et ce, pour les trois thématiques. Concernant la réalité augmentée, le pharmacien de l’unité de chimiothérapie participe au développement du projet avec son adjoint. Ils travaillent sur les besoins, l’utilisabilité des programmes, les tests de qualification, l’ergonomie, etc.
Pour l’analyse des ordonnances, ce sont les pharmaciens cliniciens qui sont investis, tout comme les pharmaciens spécialisés en logistique pour la robotisation. Chacun, dans son champ d’expertise, intervient pour le développement des projets de la Chaire, que nous espérons porter à plus haute échelle avec la création de la Chaire nationale.
* « Laboratoire vivant », lieu d'innovation participative.
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