IA et pharmacie hospitalière : des cas d’usage concrets en 2025
La session « Utilisation de l’IA en pratique pharmaceutique » a mis en lumière les avancées concrètes de l’intelligence artificielle dans le quotidien des pharmaciens hospitaliers.
- En ouverture, Nicolas Goffinet (CHU Nantes) a montré comment les outils de reconnaissance vocale comme Dragon Medical One ou Nabla facilitent la prise de notes cliniques. Ces technologies permettent de retranscrire les entretiens avec les patients et de structurer les données pour les intégrer au dossier médical, soutenant ainsi la décision clinique.
- Dans un autre domaine, Romain Barus (CHU Toulouse) a partagé une étude sur l’utilisation de modèles de langage (LLMs) pour détecter les interactions médicamenteuses. Il a rappelé la nécessité de rester vigilant face aux risques liés à ces outils, notamment la perte de compétences cliniques ou leur impact environnemental.
- L’IA se révèle également utile pour la recherche scientifique. Victor El-Jammal et Juliette Mutin (Montréal) ont illustré comment elle peut automatiser la recherche documentaire, faciliter la rédaction et générer des synthèses normalisées à partir de données extraites automatiquement.
RFID, armoires connectées, Kanban : quelles solutions pour une logistique plus fluide ?
Face à la tension sur les effectifs et aux exigences croissantes en matière de traçabilité, la logistique pharmaceutique hospitalière se réinvente grâce aux technologies connectées. Lors de la session dédiée à la RFID appliquée aux DMS et DMI, plusieurs retours d’expérience ont illustré cette transformation.
- Agnès Henry (Lyon) et Nathalie Garnier (Dijon) ont d’abord rappelé les obligations réglementaires et les défis de la gestion des stocks délocalisés. Partout, les établissements cherchent à fiabiliser les données, limiter les saisies manuelles et mieux anticiper les péremptions.
- Parmi les solutions, la RFID s’impose peu à peu. Dorian Galmiche (Grenoble) a présenté RFID Discovery, un outil mobile pour suivre les dispositifs de la réception jusqu’au patient. Christophe Jaffuel (Italie) a souligné l’importance de cette traçabilité « du quai au patient » pour répondre aux exigences de suivi clinique.
- À Rouen, Luc Marchand a montré comment une intégration complète de la RFID permet d’automatiser l’identification des DMI/DMS dès la réception, réduisant erreurs et tâches répétitives, tout en offrant une meilleure visibilité sur les stocks.
- L’automatisation passe aussi par les armoires connectées. Noémie Krau et Christine Richou (Strasbourg) ont partagé l’exemple d’un hôpital espagnol utilisant les systèmes Omnicell pour combiner RFID et analyse en temps réel, optimisant les approvisionnements sans surcharger les équipes.
- Enfin, la question environnementale n’est pas oubliée. Comme l’a rappelé Nathalie Garnier, les puces RFID ont un impact écologique, d’où l’importance de les réserver à des usages ciblés et à forte valeur ajoutée.
Produits de santé, ruptures, environnement : les pharmaciens au cœur des enjeux de terrain
Lors de la session « Circuit des produits de santé et pharmacoéconomie », animée par Pauline Anrys et Solange Lao, des pharmaciens hospitaliers ont partagé des initiatives concrètes autour de l’optimisation thérapeutique, des pénuries et de la durabilité.
- Philip Chennell (Clermont-Ferrand) a ouvert la discussion avec une étude sur l’adsorption du voriconazole lors de l’épuration extrarénale, révélant des pertes importantes de molécule et appelant à la vigilance en pratique clinique.
- La dimension économique et écologique a été illustrée par Dorian Protzenko (Gap), dont les interventions en HAD – comme des déprescriptions IV/per os – ont permis de réduire à la fois les coûts et les déchets, avec un taux d’acceptation élevé.
- Dans une logique One Health, Christelle Moreau (Paris) a présenté une classification des médicaments selon leur impact environnemental, mise en œuvre dans une écomaternité pour orienter les prescriptions vers des choix plus durables.
- La gestion des déchets a également été abordée par Marine Soula (Pau), qui souligne l’importance de leur caractérisation précise pour initier des actions de réduction ciblées dans les services
Face aux ruptures d’approvisionnement, Nourelhouda Chouikh (Digne-les-Bains) a proposé un outil interne à la PUI, conçu pour suivre et anticiper localement les pénuries en lien étroit avec les prescripteurs. - Enfin, Anaïs Boutin (Boulogne-Billancourt) a partagé trois ans de recul sur la RFID appliquée aux dispositifs médicaux, en identifiant ses limites et en formulant des pistes d’amélioration.
Symposium Roche : Formes sous-cutanées à l’hôpital : vers une réorganisation des parcours et des pratiques ?
À l’occasion d’Hopipharm 2025, Roche a réuni pharmaciens et soignants pour un échange autour des formes sous-cutanées (SC) administrées en hôpital de jour. Ce changement, bien au-delà d’une simple évolution technique, amorce une transformation plus large des parcours de soins. Il ouvre la voie à une meilleure expérience pour les patients, tout en allégeant la charge des professionnels et en optimisant l’organisation hospitalière.
- Des bénéfices concrets pour les patients et les soignants. Yasmine Nivoix a ouvert la session en rappelant les nombreux avantages associés aux formes SC : administration simplifiée, moindre douleur, réduction du risque infectieux et possibilité d’auto-administration ou de délégation à une infirmière. Une étude économique espagnole, menée dans le cadre du traitement de la sclérose en plaques, en illustre bien l’intérêt : les coûts ont été réduits de 66 % et 116 heures de soin ont été économisées par patient. Sur le plan environnemental, le tableau est plus contrasté : si la préparation des SC est en général moins polluante, l’empreinte carbone globale reste comparable à celle des formes intraveineuses (IV), en raison notamment des déplacements des patients et de la fabrication des dispositifs.
- Un levier d’efficience en hôpital de jour. Marie-Hélène Colpaert, infirmière en neurologie, a partagé son expérience de terrain : à l’échelle d’un service, l’introduction de la voie SC permet un gain de temps significatif, estimé à 230 minutes par patient. Ce temps libéré facilite la réorganisation des consultations et soutient le développement de l’éducation thérapeutique, en renforçant la disponibilité et l’engagement des équipes soignantes.
- Une préférence claire des patients. Ce changement de modalité ne se fait pas au détriment de l’expérience patient, bien au contraire. Helga Junot (AP-HP, La Pitié-Salpêtrière) a présenté les résultats des études SISTER1 et NOVA IIIb2, qui révèlent une nette préférence des patients pour la voie SC : 87,8 % des patients interrogés dans l’étude NOVA IIIb y sont favorables. La perspective de soins plus proches du domicile, voire en hospitalisation à domicile (HAD), est perçue comme un atout majeur, tant en termes de confort que d’autonomie.
- Une dynamique à inscrire dans une stratégie globale. Enfin, les intervenants ont insisté sur la nécessité d’inscrire l’essor des formes SC dans une vision systémique. La crise de la COVID-19 a montré qu’un virage organisationnel est possible. Pour que ces nouvelles modalités déploient tout leur potentiel, elles doivent s’accompagner d’une meilleure coordination ville-hôpital, d’un soutien accru à l’éducation thérapeutique, d’une revalorisation du rôle des infirmiers et d’un accompagnement des pharmaciens pour adapter les circuits de préparation et de dispensation.
* Le SYNPREFH est le syndicat national qui regroupe les pharmaciens des hôpitaux mono-appartenants et universitaires, les assistants et les attachés qui exercent dans tous les types d'établissements hospitaliers.
- Gold R, S Schmidt et al, Ther Adv Neurol Disord 2024.
Lien: https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/38616781/
DOI: 10.1177/17562864241241382 - Wiendl, H. et al. Patient Preference for Subcutaneous Versus Intravenous Administration with Every‐6‐Week Natalizumab (Tysabri®) Dosing: NOVA Phase IIIb Extension Study (Part 2). Neurol Ther, 2024.
Lien: https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/39046635/
DOI: 10.1007/s40120-024-00647-0
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