Le programme est d’une grande richesse et nous n’avons bien entendu pas pu assister à toutes les conférences. Sessions Développement professionnel continu (DPC), symposiums, ateliers… nous avons surtout picoré parmi les séances plénières et les communications orales, ces dernières permettant le plus souvent de découvrir de nombreuses initiatives et retours d’expériences terrain. Avec une constante : les différents témoignages ont montré l’importance d’embarquer les équipes avec de nouvelles méthodes de travail et de réflexion pour travailler différemment et mieux intégrer la démarche d’innovation.
Retours d’expérience RSE
C’est le cas de la conférence de Rémy Collomp, chef du pôle pharmacie du CHU de Nice, qui a expliqué comment, dans le cadre d’ateliers de trois heures regroupant douze personnes utilisant des méthodes du design thinking, ces dernières étaient parvenues à intégrer, à l'échelle du pôle, l'innovation collaborative dans l'élaboration d'un plan d'actions global RSE. Une réponse concrète, sachant que les programmes de RSE ne fonctionnent que si l’ensemble de l’équipe est convaincu et « embarqué » dans l’aventure. Ces ateliers ont permis d’identifier et de créer des leviers pour que les équipes retrouvent du sens et de la motivation. Au-delà de cet objectif, ces ateliers collaboratifs et participatifs ont aussi apporté un gain collectif en permettant, grâce aux nouvelles méthodes de réflexions utilisées, de traiter les irritants pouvant exister entre les agents. Une opération plus que positive.
Coralie Leiszt, des services des opérations pharmaceutiques à l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM) a partagé le retour d’expérience de son service sur la question du choix de la méthodologie pour évaluer l’impact environnemental de l’achat de médicaments au sein d’un CHU. Un sujet essentiel d’autant que les établissements doivent répondre à une réglementation de plus en plus exigeante sur le sujet. L’ajout de critères environnementaux aux appels d’offres est une chose, le choix de la bonne méthodologie en est une autre. Car il n’est pas toujours possible, par exemple, de calculer l’empreinte carbone d’un produit, les fournisseurs se retranchant derrière le secret industriel ou des difficultés méthodologiques, à savoir la complexité de faire ce type d'analyse à l'échelle d'un territoire ou d'un produit.
Le numérique en santé challenge les pharmaciens hospitaliers
Nous avons aussi suivi, avec grand intérêt, l’Assemblée professionnelle consacrée aux impacts du numérique en santé sur les pratiques en PUI. Cette séance plénière a réuni autour de la table à la fois des représentants de la Direction du numérique en santé (DNS) du ministère de la Santé, et de l’Agence du numérique en santé (ANS) ainsi que de nombreux experts du sujet dont Dominique Pon (l’ancien patron de la DNS).
L’occasion de faire le point sur l’avancée du chantier du Ségur numérique, qui vise à créer un espace numérique en santé cohérent au sein duquel tous les logiciels des différents acteurs de santé puissent être interopérables entre eux ainsi qu’avec l’Espace numérique en santé. Objectif : partager en toute sécurité les documents et les données patients et ainsi mieux coordonner les parcours de prise en charge, à l’hôpital et entre l’hôpital et la ville. Un chantier qui concerne également les PUI dans leur interaction avec les autres services de leur établissement ainsi qu’avec tous les acteurs extérieurs.
Pour les PUI, un point a été fait sur l’ordonnance numérique, le référentiel unique du médicament, la place du dossier patient, la création à venir d’un référentiel des terminologies de posologie ainsi qu'un alignement sur la concertation médicamenteuse et les bilans partagés de médication. Des chantiers qui sont loin d’être uniquement techniques puisque la possibilité de communiquer va de pair avec la création de « langages communs ». C’est dans cette perspective que Yann Briand a présenté le futur Référentiel unique du médicament (RUM) et la e-prescription.
Des « outils» qui à de nombreux enjeux et permettent, comme l’a analysé Pierrick Bedouch, de faire progresser l’exercice du pharmacien, en particulier en pharmacie clinique. Ainsi, les systèmes d'aide à la prescription qui se développent offrent une sécurisation, un gain de temps et surtout l'introduction de l'Intelligence artificielle (IA) dans la pratique. Le télésoin pharmaceutique permet lui d'avoir un échange à distance pour un entretien pharmaceutique avec le patient et le partage ensuite à d'autres professionnels de santé. Tout comme les objets et dispositifs médicaux connectés, qui permettent de collecter des données de suivi en continu et modifient de plus en plus les prises en charge. De façon plus basique mais tout aussi importante pour regagner du temps pharmaceutique, la déferlante d’outils de reconnaissance vocale permet de disposer de comptes-rendus de façon quasi immédiate à l’issue d’une consultation, ce qui vient enrichir le dossier médical, donc le partage d’information avec le patient et les autres praticiens qui le suivent.
Quant à Dominique Pon, désormais directeur général de La Poste Santé Autonomie, donc de Docapost, il a détaillé la stratégie de développement de La Poste et de sa filiale Docapost (un poids lourd européen qui pèse 1 milliard d’euros), à la fois dans le numérique, à l’hôpital et dans les services à la personne, illustrant parfaitement la synergie existant entre ces domaines. Le secret : un cercle vertueux entre la prévention, le maintien en bonne santé à domicile et la valorisation des données de santé.
Prévention, coopération, gestion de crise, plan de continuité…
La conférence scientifique sur le pharmacien hospitalier, un acteur de la prévention a abordé cet autre grand enjeu de notre système de santé, pour lequel les pharmaciens hospitaliers sont mobilisés sur tous les fronts. Cette conférence a permis de revoir les principes fondamentaux de la prévention et aussi d’aborder des domaines pour lesquels les pharmaciens hospitaliers sont de plus en plus sollicités : en gériatrie ; dans la lutte contre l’antibiorésistance ; et en santé mentale pour l’usage raisonné des psychotropes, etc.
Nous ne pouvons pas tout traiter ici, mais de nombreux sujets nous ont interpellés. Comme celui sur la gestion de crise à l'hôpital traité par Brigitte Bonan, qui a partagé son approche pragmatique et opérationnelle tout comme elle le fait lors des PEPC Roche. Ou encore l’Assemblée professionnelle sur les coopérations territoriales entre PUI, qui a abordé la question d’optimisation des organisations, cruciale pour répondre aux besoins de la population d’un territoire. Ou enfin la session de travail sur le plan de continuité des activités à la suite à une cyberattaque ou une panne. Un cas de figure qui n’est plus du tout théorique depuis que les hôpitaux subissent de plein fouet l’augmentation de la cybercriminalité.
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