« La PUI s’inscrit dans la prise en charge de la personne âgée, ce qui implique aussi la gestion du circuit du médicament », explique le Dr Joëlle Jérome, pharmacien hospitalier en charge de cette organisation. Mais cette démarche est plus globale. L’Alliance Hospitalière de l’Ouest parisien a été développée en 2017 par six acteurs de soins des Hauts-de-Seine dont l’hôpital Foch, l’Institut Hospitalier Franco-Britannique (IHFB), et la Fondation Santé Service. Un an après, sept autres structures ont rejoint l’alliance. Concernant la PUI, un Groupement de coopération sanitaire (GCS) a été créé : « Pour le constituer et ouvrir une PUI dédiée, nous avons dû fermer celles de l’hôpital Foch et du SSR, et demander l’autorisation à l’Agence Régionale de Santé (ARS) », rapporte le Dr Jérome. Désormais, la PUI du GCS remplit ses missions pour l’hôpital Foch et approvisionne les établissements extérieurs avec l’autorisation de l’ARS. Elle s’inscrit ainsi dans une démarche externe pour 500 patients de gériatrie d’ici début 2023, afin de leur proposer une dispensation individuelle et nominative via l’usage d’un robot automatisé. « Ce type de projet existe déjà mais contrairement aux autres structures, nous n’avions, entre les établissements, aucun lien antérieur à l’organisation de ce projet », rapporte la pharmacienne.
Une organisation avec un robot automatisé
Désormais, pour les patients pris en charge au sein de la structure de SSR et des EHPAD, les pharmaciens de la PUI du GCS effectuent une analyse et une validation pharmaceutique de la prescription et de la dispensation. « Pour ces établissements, nous avons maintenu le dossier patient informatisé, auquel nous nous connectons directement à distance afin d’accéder à la prescription, au dossier patient, à sa biologie ou aux comptes-rendus, rapporte Joëlle Jérome. Toutes ces informations nous permettent de mener notre analyse pharmaceutique, donc de valider ou non l’ordonnance, d’émettre des réserves voire de contacter le médecin de la structure pour échanger avec lui sur la prescription. » Pour les patients du SSR, les prescriptions sont validées quotidiennement, et pour les EHPAD, elles le sont deux à trois fois par semaine. Lorsque l’ordonnance est validée, le pharmacien lance les flux informatiques, afin de donner l’ordre au robot automatisé de la PUI du GCS de préparer les piluliers.
Car en parallèle de cette validation, les médicaments sont déjà configurés dans le robot automatisé, permettant ainsi de générer des piluliers correspondant aux prescriptions, complémentés par les produits ne pouvant pas être intégrés dans le robot, à savoir les injectables, les collyres ou encore les multidoses. En termes de ressources humaines, un préparateur et 1,5 ETP pharmacien, valident les ordonnances, et approvisionnent le robot en blister. Le robot se charge ensuite de préparer des sachets de doses unitaires ensuite rangés dans des boîtes. « Il s’agit d’une étape cruciale pour laquelle l’assurance qualité est maximale », indique la pharmacienne. Les taux de non-conformité et les indicateurs sont suivis pour mettre en place des actions correctives comme dans toute unité de production. « Le robot qui produit les piluliers permet une réelle optimisation du temps », ajoute-t-elle.
La production automatisée hebdomadaire de piluliers nominatifs (avec une étiquette) est ensuite lancée par l’établissement, à laquelle s’ajoute des modifications quotidiennes. « Les livraisons, effectuées par un prestataire sont quotidiennes et hebdomadaires », précise Joëlle Jérome. Et de poursuivre : « Au sein de chaque établissement, l’infirmière va ensuite effectuer les vérifications à réception et avant l’administration au patient toujours en se basant sur la prescription. »
Une acculturation nécessaire
L’acculturation a été nécessaire notamment pour la structure SSR, qui disposait d’une PUI en interne. « La fermeture a pu générer au sein de l’équipe une crainte de manquer de traitements ou de pouvoir répondre à un besoin immédiatement, reconnaît Joëlle Jérome. Il est certain que de disposer de sa PUI en interne était rassurant pour les équipes, qui doivent désormais savoir anticiper. » Néanmoins, les avantages de cette nouvelle organisation sont nombreux puisque les structures du GCS ont désormais accès la nuit, à l’interne de garde de la PUI. Quant aux pharmaciens, ils sont présents pour les interactions, ils sont en alerte sur les recommandations et effectuent des échanges réguliers avec les médecins.
L’une des grandes difficultés du projet reste l’interfaçage informatique. « De nombreux paramètres doivent donc être mis en place et être qualifiés, entre les unités et entre les médicaments, rappelle le Dr Jérome. Nous devons faire communiquer un logiciel de prescription avec un logiciel de gestion pour la dispensation, pour ensuite envoyer l’information au robot, ce qui n’a pas toujours été simple. Mais l’optimisation est désormais acquise. »
Nos actualités
Le comité d'experts indépendants
Fait par des pharmaciens hospitaliers, pour des pharmaciens hospitaliers ! L'ensemble de nos contenus sont pensés et rédigés par un comités d'experts indépendants, cela pour mieux vous accompagner dans vos pratiques quotidiennes.