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Expertise PUI
Management et organisation

La version 2023 des bonnes pratiques de préparation (BPP), élaborées par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), apporte des changements notables dans le domaine de la radiopharmacie. Opposable depuis septembre 2023 en remplacement de celle de 2007, la ligne directrice 4 (LD4) dédiée aux préparations radiopharmaceutiques renforce l’objectif de qualité des soins, de sécurisation du circuit des médicaments ainsi que la protection du personnel.

Grand changement dans la version 2023 de la LD4 dédiée à la radiopharmacie : « cette partie est désormais beaucoup plus détaillée, explique le Dr Nathalie Rizzo-Padoin, radiopharmacienne au CHU de la Martinique, ayant participé en 2007 et en 2023 à la rédaction de la Ligne directrice 4 (LD4) des BPP. Lorsque nous l’avions rédigée en 2007, nous n’avions pu y inscrire que les particularités liées à la préparation des médicaments radiopharmaceutiques. » . Dans la version 2023, la LD4 présente volontairement des redondances avec les parties dédiées à la préparation des médicaments stériles (LD1) et la préparation de médicaments contenant des substances pouvant présenter un risque pour la santé et l’environnement (LD2). « Notre objectif a été de rassembler le maximum d’informations possibles concernant la radiopharmacie, au sein même de la LD4 afin de faciliter la lecture et la compréhension, et ce même si elles sont déjà inscrites dans les autres parties des BPP », rapporte le Dr Rizzo-Padoin.

La préparation radiopharmaceutique d’éléments figurés du sang à visée diagnostique

Sur le plan réglementaire, les textes ne définissent pas clairement le cadre du radiomarquage de cellules lorsque cet acte est effectué dans un but de diagnostic. « Face à ce vide juridique, il était primordial que la préparation radiopharmaceutique des éléments figurés du sang à visée diagnostique soit ajoutée au sein de la LD4 afin d’encadrer, de sécuriser et d’homogénéiser les pratiques », indique le Dr Rizzo-Padoin. Cette activité réalisée dans une cinquantaine de services en France est considérée comme étant à haut risque sur le plan microbiologique. « Nous sommes donc satisfaits que cet encadrement soit désormais mentionné dans les bonnes pratiques », reconnaît-elle. Et ce, même vis-à-vis des pharmaciens inspecteurs car jusqu’à présent, l’absence de référentiel pouvait être bloquant concernant les autorisations accordées aux PUI dans ce domaine. « La présence de cette nouvelle ligne ouvre le champ des possibles », ajoute la radiopharmacienne.

La préparation réalisée à partir d’un automate de radiosynthèse

La LD4 précise par ailleurs la possibilité pour le radiopharmacien de recourir désormais à un automate de radiosynthèse pour la préparation des médicaments radiopharmaceutiques (MRP) à condition qu’il soit placé dans une enceinte blindée. Dans ce cas, une qualification de son installation et de son utilisation doit être réalisée. « Nous avons défini des critères concernant les matières premières et les procédés utilisés par ces automates », explique le Dr Rizzo-Padoin. Ainsi, pendant le processus de préparation, les automates de radiosynthèse assurent le contrôle des principaux paramètres des étapes critiques de préparation (volumes, température de réaction, activité...) avec production d’un rapport de synthèse. L’utilisation de cassettes concourt à améliorer la fiabilité et la répétabilité des procédés de radiosynthèse automatisée tout en limitant le risque de contamination (microbiologique, radioactive) et l’exposition du personnel aux rayonnements ionisants. Les matières premières à usage pharmaceutique (MPUP) peuvent être contenues dans la cassette (cassettes pré-remplies) ou fournies séparément. Les cassettes peuvent être produites par des fabricants ou assemblées sur site. Leur utilisation se fait selon les recommandations du fournisseur et/ou après validation pharmaceutique sur site par le radiopharmacien responsable des préparations de MRP.

Les automates de préparation des doses

L’ancien texte des BPP ne traitait que de la préparation des médicaments. « Dans la version 2023, nous avons inséré la préparation des doses de médicaments car nous souhaitions qu’elles soient préparées dans le respect des mêmes règles que celles des médicaments », souligne le Dr Rizzo-Padoin. Désormais, les BPP garantissent la qualité pharmaceutique des doses préparées, y compris leur qualité microbiologique, tout en assurant la protection de l’opérateur vis-à-vis de l’exposition aux rayonnements ionisants.

Les rédacteurs ont aussi inséré des obligations concernant l’étiquetage de la dose de MRP. « Auparavant, seules les mentions qui devaient figurer sur l’étiquetage de la préparation étaient précisées, indique le Dr Rizzo-Padoin. Par ailleurs, il est désormais exigé que la préparation de ces doses soit réalisée au plus près de l’heure prévue d’administration. »

Les nouveautés sur les locaux

L’organisation des locaux de la radiopharmacie est soumise à de nouvelles obligations. « Les radiopharmacies doivent disposer d’un local dédié à la réception et au contrôle des colis, afin d’éviter de décartonner dans le local de préparation », fait savoir le Dr Rizzo-Padoin. Le texte prévoit aussi le respect, dans la mesure du possible, de la « marche en avant », avec idéalement, un local dédié à la reprise, par les fournisseurs, des pots blindés et des fly cases. « En raison des contraintes architecturales liées à cette obligation, nous avons précisé dans la LD4, que les locaux peuvent être mutualisés mais toujours en privilégiant la marche en avant », souligne la radiopharmacienne.

Par ailleurs, la LD4 prévoit la mise en surpression – et non plus dépression – des locaux de préparation des MRP et leur sas d’accès par rapport à l’environnement extérieur. L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a longtemps demandé de travailler dans des locaux en dépression en raison de la manipulation de radionucléides volatils tels que l’iode, et des risques de contamination. « Ce marquage à l’iode n’étant plus effectué en milieu hospitalier, cette obligation a été supprimée, précise le Dr Rizzo-Padoin. Pour ce qui concerne les radionucléides aujourd’hui manipulés, le confinement de la radioactivité est assuré par la dépression des enceintes blindées. »

Une formation et une évaluation du personnel renforcées

Le personnel ne pourra réaliser une préparation de MRP à destination d’un patient que s’il a réussi avec succès l’évaluation de sa formation, qui comprend un test de remplissage aseptique, et qu’il a été habilité par le radiopharmacien à préparer des MRP. « Nous sommes très satisfaits de cette nouvelle disposition qui contribue à la qualité des opérations de préparation », conclut le Dr Rizzo-Padoin.

Photo : Radiopharmacie de Gustave Roussy - ©Ayoub Benkarroum.

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