« La réforme du DES est le résultat d’un long combat, lance Antoine Soula, ex-co-président (jusqu’en juin 2024), de la Fédération nationale des syndicats d’internes en pharmacie et biologie médicale (FNSIP-BM). Notre syndicat portait cette réforme de longue date, la publication de l’arrêté a donc été une consécration car il reconnaît officiellement les spécificités de la formation pour exercer de manière qualifiante la pharmacie hospitalière, ce qui représente une réelle plus-value en Europe. » Cette réforme, dont l’objectif était de mettre en place une organisation basée sur l’acquisition de compétences et la progression pédagogique des internes, a aussi permis de calibrer les études de pharmacie sur le même modèle que celles des médecins ou des chirurgiens-dentistes.
Un DES commun à l’ensemble de la pharmacie hospitalière
Pour rappel, la réforme a impliqué la mise en place d’un Diplôme d’étude spécialisée (DES) commun à l’ensemble des internes en pharmacie hospitalière, qui se déroule en quatre ou cinq ans.
Les deux premières années constituent le socle commun aux trois filières composant l’internat à savoir la pharmacie hospitalière générale, le développement et la sécurisation des produits de santé (orientée vers l’industrie des produits de santé), et la radiopharmacie (en cinq ans). Au cours de ces deux années socles, l’interne doit obligatoirement effectuer quatre stages : trois sont imposés (pharmacie clinique et prise en charge thérapeutique du patient, technologies pharmaceutiques hospitalières et contrôles, dispositifs médicaux et stérilisation) et le quatrième est « libre ». « Nous sommes attachés à cette polyvalence et à cette compétence dans les trois domaines de base », fait savoir Antoine Soula.
À la fin de la phase socle, les internes choisissent leur option de DES pour la phase d’approfondissement en pharmacie hospitalière générale (un an), en développement et sécurisation des produits de santé (un an) ou en radiopharmacie (deux ans). Cette phase est suivie par l’année de consolidation avec un stage d’un an (ou deux fois six mois pour le DES développement et sécurisation des produits de santé), au sein des PUI pour les internes alors appelés Docteurs Juniors. « Notre maquette nous permet de nous spécialiser tout en gardant un diplôme unique et commun, précise Antoine Soula. Il nous est donc possible d’exercer dans les trois domaines, sauf en radiopharmacie si nous ne sommes pas titulaires des enseignements dédiés. »
Des demi-journées de formation par semaine (100 heures par semestre), supervisées par la faculté ou en autonomie, sont également actées dans la maquette de formation. « Les priorités de service ne passent donc plus au-dessus de notre temps de formation », se félicite Antoine Soula.
Une mise en œuvre acquise
Aujourd’hui, la mise en œuvre de la réforme semble opérationnelle au sein de l’ensemble des facultés. « Bien entendu, il a fallu se réorganiser car la maquette prévoit des enseignements dispensés en fonction du choix de stages des internes », rappelle le Pr Stéphane Honoré, PU-PH de pharmacie clinique, président de collège national des enseignants de la spécialité pharmacie hospitalière (CNES-PH).Un important travail de réingénierie universitaire et hospitalière a été mené, « ce qui n’a pas toujours été facile à gérer dans un premier temps, notamment en raison d’une carence d’offre de stages dans certaines régions », indique-t-il. Mais après quatre ans de mise en œuvre, le DES est désormais bien organisé. Un effort d’harmonisation des enseignements entre les régions a également été mené, dans un premier temps pour la phase socle, avec leur mise en commun sur une plateforme nationale. « Cette harmonisation a été portée par la création du CNES-PH dont c’est la mission », fait savoir le Pr Honoré avant d’ajouter : « Cette harmonisation est à la fois liée à la maturité acquise par l’ensemble des universités, à cette volonté de nous faciliter le travail des uns et des autres, et à la volonté de transmettre un enseignement identique aux étudiants dans un contexte de modifications réglementaires nombreuses en pharmacie hospitalière. »
Focus sur les docteurs juniors
Outre ce travail d’harmonisation, au sein des PUI, les maîtres de stage ont commencé à accueillir, il y a deux ans, les premiers Docteurs juniors. « L’objectif est de les former à davantage d’autonomie dans leurs actes, indique Antoine Soula. Il s’agit d’une phase de transition entre la formation et l’activité professionnelle. » Il relève de la responsabilité du maître de stage de décider des missions spécifiques qui vont lui être confiées. Dans un premier temps, des zones de convergence ont dû être trouvées pour permettre aux internes de continuer à se former tout en étant en autonomie. « Les maîtres de stage placent les docteurs juniors à des postes qui, auparavant, relevaient davantage de l’assistanat, tout en gardant un œil sur leur travail », résume le Pr Honoré. « Dans l’ensemble, la mise en œuvre se passe plutôt bien, même si se pose là aussi la question de disposer de suffisamment d’agréments de stages », indique Antoine Soula.
Focus sur les formations spécialisées transversales
Concernant les formations spécialisées transversales (FST), cinq sont accessibles aux internes en pharmacie hospitalière :
- pharmacologie médicale/thérapeutique ;
- hygiène-prévention de l’infection, résistances ;
- thérapie cellulaire, transfusion ;
- bio-informatique médicale ;
- depuis 2023, innovation et recherche pharmaceutique (IRP).
Les internes peuvent les intégrer après la validation de la phase socle, et avant la phase de consolidation, c’est-à-dire pendant la phase d’approfondissement. Les FST, d’une durée d’un an, sont communes à plusieurs DES et impliquent un terrain de stage agréé. « Les internes ont mis un certain temps pour se positionner mais désormais, ils manifestent une envie réelle de suivre des formations transversales et complémentaires », observe le Pr Honoré. Les FST ont des taux de remplissage différents selon les territoires. Cependant, celle qui séduit le plus les internes est la FST IRP, avec quasiment 100 % de remplissage l’année dernière. « Contrairement aux autres, elle est accessible dès la deuxième année de phase socle et si de base, elle dure un an, elle peut être reconduite une deuxième année », rapporte Antoine Soula. C’est le cas notamment pour les futurs pharmaciens affichant un profil recherche et qui voudraient par exemple effectuer une thèse d’université (3e cycle).
Même si les étudiants ne sont pas en stage clinique, les FST sont financées. Une remarque toutefois : « Certaines FST peuvent se dérouler sur deux ans, mais les postes affichés sont annuels, ce qui peut impacter le financement en termes de projection lorsque l’interne demande une prolongation d’un an », constate le Pr Honoré. Des « petits » couacs qui impliquent des ajustements à venir tout comme d’autres arbitrages davantage « d’ordre » politique concernant notamment l’application réelle de l’exigence du DES pour exercer en PUI.
Nos actualités
Le comité d'experts indépendants
Fait par des pharmaciens hospitaliers, pour des pharmaciens hospitaliers ! L'ensemble de nos contenus sont pensés et rédigés par un comités d'experts indépendants, cela pour mieux vous accompagner dans vos pratiques quotidiennes.