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Expertise PUI
Management et organisation

Les 19ᵉ rencontres Convergences Santé Hôpital (CSH), qui se sont déroulées à Montpellier du 24 au 27 septembre dernier, ont porté sur la pharmacie hospitalière du futur. Les équipes Accès Roche étaient présentes et vous proposent de revenir sur cinq des nombreuses conférences proposées lors de ces quatre jours de congrès.

Focus 1 - L’IA comme nouvelle arme dans la prévention des cancers

Comme rappelé par les deux modérateurs, les cancers sont la première cause de mortalité prématurée en France, avec 435 000 nouveaux cas annuels. On dénombre également au moins 10 millions de décès par an dans le monde. Si les modifications comportementales sont bien entendu l'une des clés pour réduire les risques, l'utilisation de l'intelligence artificielle (IA) est envisagée comme une piste sérieuse pour l'identification précoce et la prédiction de l'évolution clinique des cancers. L'une des conférences grand public du CSH a fait le point sur cette nouvelle piste.

  • L’évolution extrêmement rapide de l’intelligence artificielle ces dernières années (explosion des données numériques et puissance accrue des processeurs) permet un développement inédit du machine learning et du deep learning. Des progrès technologiques, rappelés par le Pr Myriam Edjlali-Goujon, neuroradiologue, expliquent les avancées en imagerie médicale, où l'IA permet d'améliorer la qualité des images prises en moins de temps et de mieux prédire les diagnostics à partir de données radiomiques et génomiques. Myriam Edjlali-Goujon a également souligné les défis éthiques et les biais liés à l’IA, insistant sur l’importance de l’« human oversight », ou « supervision humaine », pour garantir la validité des décisions prises par les machines.
  • En écho, Florence Cousson-Gélie, professeure de psychologie à l'Université de Montpellier et dirigeante du laboratoire de psychologie Epsylon rattaché au CNRS (Centre national de la recherche scientifique), a rappelé les enjeux de la prévention en santé publique, qu’elle soit primaire (avant la maladie), secondaire (dépistage) ou tertiaire (pendant/après la maladie), ainsi que les défis à relever pour motiver les populations à adopter des comportements favorables à leur santé. Pour elle, l’IA et le numérique peuvent aider à améliorer la clarté des messages de prévention et leur ciblage. Mais, comme Myriam Edjlali-Goujon, elle estime que le rôle humain reste central dans la médiation de ces messages.
    Sans nul doute, l’IA et la médecine sont destinées à unir leurs efforts de manière durable, à condition que cette alliance soit encadrée par une réflexion humaine pour garantir l'efficacité et l’éthique des soins.
    • Conférence grand public du 24 septembre : « Prévention du cancer : nouvelles perspectives & apports de l’IA ».

Pour mémoire

  • Machine learning : Mise en application de l’intelligence artificielle comprenant des algorithmes qui analysent les données, apprennent de ces données et appliquent ce qu’ils ont appris pour prendre des décisions informées.
  • Deep learning : Évolution du machine learning. Il utilise un réseau neuronal programmable qui permet aux machines de prendre des décisions correctes sans aucune aide des êtres humains.
    Source : zendesk.fr

Focus 2 – L’oncologie, terrain de jeu favori de l’innovation en pharmacie ?

L’évolution des traitements anticancéreux, du 5-FU aux nouvelles approches comme la vaccinothérapie, montre une innovation continue en pharmacie. Ces évolutions se sont accompagnées de refontes successives des parcours de prise en charge impliquant le pharmacien hospitalier, mais surtout d'améliorations du pronostic pour les patients. Cette session a permis de faire un point sur les avancées structurantes et les enjeux stratégiques pour le pharmacien hospitalier afin de garantir le bon usage des produits de santé de demain. Parmi les neuf thématiques et treize intervenants de cette session, voici quelques points à retenir.

  • Le Dr Dominique Leveque du CHU de Strasbourg a ainsi présenté l’histoire des thérapies ciblées et de la médecine personnalisée. Malgré un grand nombre de médicaments disponibles, la guerre contre le cancer n'est pas terminée. Les enjeux actuels sont d'améliorer la tolérance, d'optimiser les schémas thérapeutiques et de développer des marqueurs prédictifs de réponse aux traitements, tout en proposant des traitements soutenables financièrement pour la collectivité. L’un des défis est maintenant de parvenir à dépasser la difficulté d’évaluer les nouveaux agents par rapport aux précédents, dans un marché en constante évolution.
  • Le Pr Olivier Adotevi du CHU de Besançon et son équipe ont fait le point sur le développement d’un vaccin thérapeutique anticancer universel. Pour rappel, le projet UCPVax, basé sur la télomérase, cible spécifiquement les cellules cancéreuses en stimulant les lymphocytes T CD4+, essentiels pour coordonner l’action antitumorale des lymphocytes T CD8+. Ce vaccin vise ainsi à induire une réponse immunitaire durable, capable non seulement de détruire les cellules tumorales, mais aussi de s'en souvenir pour prévenir les rechutes.
  • Autant d’approches scientifiquement passionnantes et prometteuses. Mais pour le Pr Muriel Dahan d'Unicancer, il est important de ne pas oublier le patient. D’une part, il faut le placer au cœur des priorités stratégiques, notamment en améliorant la qualité de vie et en utilisant des données en vie réelle. D’autre part, il faut tout faire pour réduire les délais de recherche et favoriser l’accès des patients aux traitements innovants le plus rapidement possible, ce que facilite par exemple l’approche des essais cliniques adaptatifs.
  • Cette approche centrée sur le patient et l’amélioration de sa prise en charge conduit aussi à mettre en avant d’autres avancées, non pas pharmaceutiques, mais organisationnelles. Ainsi, comme l’a développé le Pr Fabrice Denis (INeS), la télésurveillance en oncologie, testée dans des essais multicentriques de phase III, améliore la qualité de vie et la survie globale en assurant une gestion optimisée des effets indésirables. Le retour d’expérience montre qu’il reste à gérer la problématique des fausses alertes.
  • La session est également revenue sur une expérimentation « Article 51 » qui vise à intégrer les thérapies orales dans le droit commun (Onco’Link). Comme l’ont expliqué le Pr Catherine Rioufol (CHU Lyon) et le Dr Manon Teytaud (CLCC Bordeaux), elle s'appuie sur 41 sites et 13 569 patients, avec des résultats prometteurs sur l'organisation des soins ville-hôpital. L’expérimentation démontre, une fois de plus, les progrès à faire en matière d’interopérabilité des outils numériques des différents acteurs impliqués. Le numérique a également été abordé sous l’angle de l’apport de l’IA pour la standardisation des doses de médicaments.
    • Conférence du 25 septembre : « Oncologie & innovation en pharmacie : du 5-FU à la vaccinothérapie (1re et 2e parties) ».

Focus 3 – L’IA, la meilleure amie des pharmaciens et de leur PUI ?

Les pharmaciens peuvent-ils raisonnablement compter sur l’IA pour améliorer les processus décisionnels ? Oui. La preuve en est que l’IA a déjà contribué à l’amélioration des pratiques pharmaceutiques, que les équipes de PUI en aient conscience ou non : gestion des flux logistiques, gestion de stock… Demain, l’IA apportera une aide qui ira bien au-delà de la simple « aide » à la dispensation. Des outils mettent en œuvre des algorithmes d’aide à la décision qui permettent la priorisation des patients à risque et l’automatisation de tâches pharmaceutiques. Des retours d’expérience de différents centres, tels que le CHR Metz-Thionville ou la Fondation Rothschild, ont montré que l’IA améliore l’analyse pharmaceutique et optimise les traitements médicamenteux. Cependant, là aussi, des questions éthiques et de responsabilités liées à la protection des données personnelles et à la propriété intellectuelle restent à résoudre. Sans compter que des problématiques informatiques plus « basiques », mais non moins essentielles, comme la qualité des interfaces numériques ou les dossiers patients informatisés (DPI), doivent continuer à être travaillées et optimisées.

  • Table ronde interactive du 26 septembre : « Pharmacie du futur – l’IA au service des pharmaciens hospitaliers ? ».

Focus 4 – Des parcours patients à réinventer

La recherche pharmaceutique, l’IA et l’innovation technologique sont des facteurs de progrès pour les patients, comme pour les professionnels de santé. Mais il est également impératif de faire évoluer notre système de santé pour permettre des parcours patients optimisés et adaptés. Pour le Pr Claude Dussart, du CHU de Lyon, modérateur de la session, les parcours patients sont essentiels pour adapter les soins aux maladies chroniques et à la perte d'autonomie, tout en optimisant les ressources et en réduisant les coûts. Une approche personnalisée et préventive doit permettre une meilleure coordination des soins.
En illustration de la faisabilité d’une telle démarche, Benjamin Du Sartz, de l’Université Claude Bernard de Lyon, a présenté des méthodes d'optimisation des parcours, tandis que le Pr Christelle Mouchoux des HCL a détaillé le projet 5P (« Programme Personnalisé de Pharmacie Clinique intégré dans le Parcours Patient »). Ce programme cible des parcours spécifiques (orthogériatrie, greffe rénale pédiatrique, cancérologie, etc.) et vise à intégrer des activités cliniques pour les patients à risque avec une approche pluriprofessionnelle. Quant au Dr Laurence Spiesser-Robelet, du CHU d’Angers, elle a partagé les ambitions du projet PARTAGE GHT 49, qui vise à améliorer la coordination ville-hôpital pour la prise en charge des patients âgés. Ces programmes peuvent également bénéficier des apports technologiques tels que l’IA ou les jumeaux numériques pour optimiser leurs modèles.

  • Conférence du 27 septembre : « Le parcours patient de demain ».

Focus 5 – Quel impact des traitements sous-cutanés (SC) en cancérologie pour optimiser les parcours de soins ?

Modéré par le docteur Philippe Fagnoni (CHU Dijon), président du comité scientifique du congrès, ce symposium a exploré l’impact des traitements sous-cutanés (SC) en cancérologie, en particulier en hôpital de jour (HDJ), pour optimiser les parcours de soins. La participation d’un onco-sénologue, le docteur Frédéric Fiteni, oncologue médical de l’Institut de Cancérologie du Gard/CHU Nîmes, et de deux pharmaciens hospitaliers, le Dr Nicolas Cormier du CHU de Nantes et le Dr Nicolas Cassou du Centre hospitalier de Cornouaille (Quimper), a permis de croiser les points de vue. Avec un objectif : faire le point sur les bénéfices médicaux, organisationnels et économiques de cette méthode d’administration. Une chose est certaine : l’intérêt pour les traitements SC en cancérologie est évident. En réduisant le temps d’hospitalisation et en améliorant le confort des patients, cette approche est plébiscitée et soutenue par des résultats positifs en termes de gestion hospitalière. Les perspectives incluent une généralisation des immunothérapies SC et une potentielle extension vers la ville ou l’hospitalisation à domicile (HAD), ouvrant la voie à une cancérologie plus humaine et personnalisée. On peut retenir trois enseignements de ce mode d’administration :

  1. Impact sur la qualité de vie : comme en témoignent les enquêtes auprès des patients, l’administration SC améliore la qualité de vie, mais aussi la gestion des symptômes ainsi que les fonctions physiques et psychologiques.
  2. Effets organisationnels : les traitements SC permettent également d’optimiser l’organisation de l’hôpital ainsi que la prise en charge des patients. Cette optimisation est vue comme positive par la majorité des patients, pour qui cette forme d’administration est facteur de gain de temps et présente un caractère moins invasif.
  3. Expérience de mise en place d’une filière SC : le retour d'expérience sur l'implémentation d'une filière spécifique dédiée aux traitements SC au Centre hospitalier de Cornouaille a mis en avant les bénéfices pour les patients (réduction du temps en HDJ, meilleure confidentialité) et pour les soignants, avec une organisation optimisée (gestion du flux de patients, traçabilité des soins et suivi facilité grâce à un agenda informatisé).
    • « Optimisation des parcours de soins en cancérologie : l’impact des traitements sous-cutanés en hôpital de jour » - Symposium Roche du 25 septembre.
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