« À la suite de la restructuration du service d’oncologie de notre centre hospitalier, il a fallu trouver une solution pour acheminer les préparations de chimiothérapie, de la PUI située au sous-sol jusqu’au service qui se trouve au premier étage », explique Eric Lemonnier, responsable du service logistique au sein du CH. Outre l’aspect logistique, la réflexion s’est également posée en raison de l’absence de valeur ajoutée de cette tâche d’acheminement. « Jusqu’à l’arrivée du robot, ce sont des agents des services hospitaliers (ASH) qui, toutes les 20 à 30 minutes, quittaient le service d’oncologie pour se rendre à la PUI chercher les préparations de chimiothérapie disponibles », rapporte le Dr Florence Ou-Cébron, pharmacien hospitalier. Une organisation pointée du doigt en raison du manque de fluidité et des interruptions de tâches générées à la fois du côté des ASH et du côté de la PUI, « car ils devaient interrompre leur activité en oncologie et n’arrivaient pas toujours au moment le plus opportun à la PUI », ajoute-t-elle.
Une réponse à un besoin
Les équipes de la PUI et de la logistique ont donc réfléchi à une solution sécuritaire, offrant une totale traçabilité en raison du transport de médicaments. Plusieurs options ont été envisagées en amont, notamment la mise en place de valisettes au plafond. Mais cette solution impliquait la pose de rails pour un coût non négligeable, et aurait dysfonctionné en cas de travaux dans l’établissement, sans oublier la problématique des ascenseurs. « Nous avons aussi pensé à l’usage des pneumatiques, mais pour des raisons de stabilité physico-chimique de certains médicaments anticancéreux, ce n’était pas envisageable », précise le Dr Ou-Cébron. Face à ces constats, les équipes ont fait le choix de s’orienter vers l’utilisation d’un robot, qu’elles ont vu à l’œuvre au CHU de Nantes, la structure y ayant recours pour le transport logistique des endoscopes souples. « J’ai rencontré mon homologue du CHU, qui m’a convaincu de cette solution et nous sommes parvenus par la suite à convaincre les pharmaciens et la direction du CH d’adhérer au projet », raconte Eric Lemonnier. Après un appel d’offres, une entreprise a été sélectionnée pour sa solution robotique autonome.
Une autonomie à toute épreuve
L’intégration du robot – Walli – au sein de la structure a conduit à la définition d’une cartographie de son parcours afin qu’il puisse se diriger dans les couloirs. Il peut ainsi se rendre de la PUI jusqu’au service d’oncologie en toute autonomie. « Lorsqu’il circule dans le couloir, s’il est face à un obstacle, il peut se dérouter et le contourner en modifiant son trajet. Sinon, en cas de problème important (obstacle non contournable, imprévu, panne d’ascenseur), il s’arrête et appelle automatiquement le service logistique après plusieurs minutes passées à l’arrêt afin de sécuriser le circuit », rapporte Eric Lemonnier, précisant qu’en cas de travaux au sein du centre hospitalier, il peut aussi être dérouté et emprunter un nouveau trajet. Le robot stationne à proximité de la zone de production des chimiothérapies. Dès lors que la pharmacie dispose de préparations de chimiothérapie à livrer, le pharmacien les place dans des caisses scellées et introduites dans le robot, les seules personnes pouvant ouvrir la porte étant celles qui disposent d’une autorisation avec leur badge au départ et à l’arrivée. « Nous appuyons ensuite sur un bouton pour le faire démarrer, puis il quitte la PUI en toute autonomie puisque des capteurs ont été installés sur les portes, lui donnant la possibilité de les ouvrir seul », explique le pharmacien. Des travaux n’ont donc été nécessaires pour son usage. Dès lors qu’il arrive au sein du service d’oncologie, le robot appelle les agents automatiquement pour les prévenir de son arrivée. Ce fonctionnement participe à la fluidité de la prise en charge des patients qui n’attendent plus leur traitement. « Nous pouvons désormais gérer les envois en fonction des priorités », fait savoir le Dr Ou-Cébron.
D’autres usages
Lorsqu’il a terminé sa journée à la PUI à 16 h 45, le robot est orienté vers le service des urgences où il est utilisé toute la nuit pour l’acheminement, à volonté et au fil de l’eau, des prélèvements biologiques, transports qui étaient jusqu’alors assurés par les brancardiers. Il peut également être sollicité par le bloc obstétrical pour les mêmes raisons. « Les ASH et les brancardiers sont satisfaits, car désormais ils peuvent se concentrer sur leur cœur de métier, à savoir la relation avec les patients et ils ne sont plus interrompus dans leurs tâches », souligne le Dr Ou-Cébron.
Le robot, qui peut porter jusqu’à 25 kg et fonctionner 12 heures en autonomie, ne s’arrête jamais. Il peut donc absorber les flux et la hausse de l’activité si nécessaire. Depuis sa mise en service en mars 2022, il a effectué plus de 13 000 kilomètres. Il met moins de 10 minutes à effectuer l’aller-retour entre la PUI et le service d’oncologie. L’établissement a fait le choix de le louer et dispose d’un contrat de maintenance. « Comme nous montons en compétences, nous allons demander à être formés pour savoir effectuer la cartographie du robot », indique le responsable logistique. Sa mise en place requiert une bonne couverture Wifi et un sol de bonne qualité. Les équipes réfléchissent aujourd’hui à l’ajout de nouveaux flux et à étendre son usage à d’autres services de l’établissement.
Les trois points à retenir
- Un robot pour améliorer la logistique hospitalière
Depuis 2022, le Centre hospitalier de Cholet utilise un robot autonome, Walli, pour transporter les préparations de chimiothérapie entre la pharmacie (PUI) et le service d’oncologie, réduisant ainsi les tâches sans valeur ajoutée effectuées par les agents hospitaliers. - Une solution sécurisée, autonome et adaptable et fiable
Le robot offre une sécurité et une traçabilité totale, fonctionne de manière autonome. Il peut se déplacer dans les couloirs, franchir les portes, utiliser les ascenseurs et contacter les professionnels sans assistance. Il contribue à fluidifier l’organisation des soins, notamment en évitant les interruptions de tâches. - Des usages élargis et une satisfaction des équipes
En dehors des heures de jour, le robot est utilisé 24 heures sur 24, pour d'autres missions (urgences, prélèvements biologiques, bloc obstétrical). Son déploiement est bien accueilli par les professionnels, qui peuvent ainsi se recentrer sur leurs missions principales. Le CH envisage déjà d’étendre son usage à d’autres services.
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