Le dispositif de vidéo-assistance
« La base technologique reste la même, mais les techniques d’intelligence artificielle ont évolué au fil des années et la nouvelle génération d’œil numérique, opérationnelle depuis 2024, commence à intégrer les PUI », fait savoir le Dr Benoît Le Franc, concepteur de cette innovation.
Dans les PUI, la sécurisation du processus de production des chimiothérapies à savoir le contrôle des flacons de médicaments, des poches de solvants et du volume de médicaments, repose généralement sur un double contrôle visuel des préparateurs en pharmacie hospitalière (PPH). Ils sont souvent deux à contrôler mutuellement l’ensemble de ces préparations, un protocole générateur d’interruptions de tâches fréquentes. Dans les PUI équipées d’un dispositif de vidéo-assistance, le système de contrôle de vidéo numérique couplé à de l’intelligence artificielle permet à l’un des préparateurs de se consacrer à d’autres tâches.
Le fonctionnement
L’œil numérique est généralement composé de deux modules. Tout d’abord, un système d’assistance au manipulateur dans la préparation. Ce dernier est composé de deux caméras :
- La première caméra, ventrale, offre deux modes de reconnaissance à savoir la lecture des codes Datamatrix apposés sur les médicaments et les poches de solvant. Ou, une lecture par reconnaissance d’images, grâce à l’intelligence artificielle permettant à la caméra, en l’absence de Datamatrix, de lire les étiquettes de flacons (évitant le réétiquetage) ou le volume d’une seringue via la graduation et la position du piston.
Le PPH commence par scanner l’étiquette avec le numéro d’ordonnancier de la préparation, ce qui déclenche le « scenario » de fabrication. S’affiche alors à l’écran la fiche de fabrication de la préparation avec les étapes clés à suivre et à valider, ce qui remplace la fiche papier utilisée auparavant. Installé dans un isolateur, le préparateur présente ensuite à la caméra ventrale les poches de solvant, les flacons et les volumes prélevés reçus de l’organisateur. L’outil valide, par une coche verte, l’élément présenté, ce qui permet de passer à l’étape suivante de la préparation. En cas d’erreur, une tête de mort rouge s’affiche à l’écran et le préparateur corrige son erreur en temps réel. Ce contrôle per-process évite de détruire des préparations non-conformes. C’est un gain réel de sécurité car l’œil de la caméra est plus performant que l’œil humain.
- La seconde caméra, de scène, filme en continu, l’ensemble de la préparation, afin de pouvoir visualiser, a posteriori, son déroulement complet et ses étapes critiques en cas de levée de doutes par exemple.
Un dispositif de contrôle
Le deuxième module de l’outil consiste en un logiciel de contrôle, géré par le pharmacien, pour effectuer la libération pharmaceutique des préparations. Sur le logiciel, l’ensemble des préparations sont répertoriées et en un « clic », le pharmacien peut les libérer, ce qui prend moins d’une seconde lorsque toutes les étapes clés sont validées, sans aucune détection d’erreur de la part du système. Si des discordances sont constatées, le pharmacien doit revisionner certaines étapes. Il peut alors regarder le film de la caméra de scène. C’est le cas lors de faux négatifs, qui surviennent lorsque la caméra n’est pas parvenue à lire l’étiquette d’un flacon sans Datamatrix et que le préparateur a forcé l’étape. Le logiciel du dispositif de vidéo-assistance est interfacé avec celui des préparations des chimiothérapies de l’établissement, qui gère le circuit des anticancéreux.
Les évolutions de la Génération 2
« Nous avons modifié des architectures au sein de notre logiciel et avons désormais recours, entre autres, aux réseaux de neurones artificielles ce qui a permis des évolutions dans l’offre que nous proposons », fait savoir le Dr Le Franc. Trois principaux changements peuvent être pointés du doigt.
Tout d’abord, il n’était auparavant pas possible pour la caméra de détecter les volumes entre les graduations des seringues. Désormais, « grâce aux nouvelles techniques de l’algorithme, la précision est améliorée et permet de quantifier le volume prélevé entre chaque graduation de la seringue (détection inter-graduation). »
Deuxième évolution : jusqu’à présent, le dispositif ne pouvait analyser que les produits commercialisés. « Aujourd’hui, l’outil peut également analyser et valider en temps réel les flacons d’essais cliniques, se félicite le Dr Le Franc. Le préalable étant toutefois que l’essai soit bien enregistré dans le logiciel de prescription de la PUI. » L’intelligence artificielle peut en effet reconnaître automatiquement le numéro de lot, la date de péremption et le numéro d’essai clinique, et ainsi repérer les étiquettes qui lui sont propres.
Enfin, de nouveaux modules font désormais partie de la Génération 2 de l’œil numérique. Tout d’abord un outil statistique permettant d’analyser de manière intelligente la production (dashboard). Puis, un module de management de la qualité. « Grâce aux données analysées, il est possible d’alimenter un outil métier permettant de manager les équipes dans leur production, en suivant la norme ISO 9001, afin de s’assurer que les protocoles déployés sont respectés (nombre de préparations jetées, temps de livraison, etc.). »
Bien entendu, l’ensemble des prérequis en lien avec la cybersécurité et le Règlement général sur la protection des données (RGPD) sont respectés. Les données sont stockées sur les serveurs de l’hôpital ou sur un cloud en fonction du choix de l’établissement.
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