Organisation
23/03/2023

Zoom sur… Pharmacie humanitaire internationale

L’Aide aux blessés, aux hôpitaux, aux réfugiés : telle est la raison d’être de Pharmacie humanitaire internationale (PHI). Cette association a pour mission première d’apporter la compétence des pharmaciens au profit des plus démunis, en France mais aussi dans une quarantaine de pays dans le monde via ses associations locales.

Héritière de l’Union des Pharmaciens sans frontières (UPSF) fondée en 1985, rebaptisée Pharmacie humanitaire internationale (PHI) en 2004, elle en poursuit le même but : l’accès aux soins pour les plus démunis avec l’aide des pharmaciens. Plus encore, elle est la seule responsable de l’approvisionnement en Médicaments neufs des centres caritatifs agréés par les Agences régionales de santé (ARS). Depuis le 31 décembre 2008, il est interdit de redistribuer, à l’étranger et/ou dans le quart monde, des Médicaments non utilisés (MNU), lesquels sont collectés par les pharmaciens avant d’être détruits par incinération auprès de Cyclamed. « Mais certaines associations humanitaires intervenant en France auprès des plus démunis (Samu social, Ordre de Malte, etc.) se sont alors retrouvées sans médicaments », explique Alain Berthon, Président de PHI. « Face à cette situation, la Direction générale de la santé (DGS) nous a missionnés pour créer et gérer le seul établissement pharmaceutique à vocation humanitaire et distributeur de MNU en France. En service depuis le 1er janvier 2009, il alimente aujourd’hui plus de 150 centres de soins agréés en France métropolitaine et en Outre-mer. » Sorte de grossiste pour les Organisations non gouvernementales (ONG), l’établissement pharmaceutique de PHI s’approvisionne auprès d’une soixantaine de laboratoires et fournisseurs. Placé sous la responsabilité d’un pharmacien et d’un responsable d’exploitation, il gère ensuite le traitement et l’expédition des commandes vers les différents centres. À titre indicatif, au 31 décembre 2021, quelque 18 tonnes de médicaments ont été envoyées, ce qui représente 229 368 boîtes et 774 expéditions. Les centres demandeurs doivent avoir une déclaration d’activité de délivrance de médicaments émise par l’ARS et disposer d’un pharmacien identifié, inscrit en section D et responsable de la gestion et de la délivrance des médicaments (ou, à défaut, d’un médecin agréé auprès de l’ARS).

Mener des missions de développement sur le long terme…

Soutenue par l’Ordre des pharmaciens et les principaux syndicats de la profession, PHI est cependant totalement indépendante : « hormis les deux salariés de l’établissement pharmaceutique et une secrétaire à mi-temps, l’association ne fonctionne que grâce à l’implication de ses bénévoles », souligne Alain Berthon. « Elle est administrée par un Conseil d’administration issu des associations locales. » Car ce sont bien ces dernières, les forces vives de PHI : « l’établissement pharmaceutique mis à part, notre principale mission au niveau national est en effet de développer et de coordonner les actions de nos 32 associations locales réparties dans une quarantaine de départements », détaille le président de PHI. « Ce sont elles qui gèrent et organisent les projets à l’international. » Ceux-ci couvrent une trentaine de pays dans le monde (Afrique, Europe de l’Est et du Sud, Asie, Amérique latine, Haïti…) et sont extrêmement divers, comme l’illustre Alain Berthon : « réhabilitation de centres de santé, aide à la mise en place de process d’organisation et de gestion de PUI dans des pays en voie de développement, forage d’eau potable ou encore mise en place locale autour du circuit du médicament. » En appui, l’établissement pharmaceutique national dispose d’ailleurs d’un département dédié afin de pouvoir exporter des médicaments dans un objectif de lutte contre la contrefaçon tout en respectant l’intérêt économique local (c’est-à-dire en achetant les médicaments fournis dans les centrales des pays concernés autant que possible).

Les associations locales envoient également sur place des bénévoles dans une démarche de formation « afin d’y apporter la compétence du pharmacien dans tous les domaines concernant la santé. » Via ses associations locales, la mission de PHI est en effet de faciliter l’accès aux soins pour les populations les plus fragiles. À titre d’exemple, une mission regroupe une dizaine d’associations locales autour d’un projet de construction d’une maternité au Sénégal, placé sous la maîtrise d’œuvre de PHI de l’Oise.
 

… mais savoir se mobiliser dans l’urgence

Si la vocation première PHI est bien de mener des actions d’aide au développement, elle se mobilise en urgence lorsque la situation l’exige. Elle dispose d’une Cellule légère d’assistance en matériel médical (CLAMM). Cette structure d’urgence a pour mission d’apporter, partout en France, du matériel médical adapté (fauteuil roulant par exemple) aux malades, personnes âgées et/ou handicapées victimes de catastrophes naturelles et évacuées en urgence de leur domicile.

L’association s’implique également dans les crises sanitaires et humanitaires, comme depuis le début de la guerre en Ukraine, par exemple : « dès le début de la crise, l’ensemble de la profession s’est réunie pour lancer un appel aux dons, lequel reçu une réponse à la fois massive et favorable », relate Alain Berthon. « Les dons financiers de la part de l’ensemble des pharmaciens ont été démultipliés sur le plan local avec les associations. Nous avons également reçu des dons de produits de la part de laboratoires. Tout cela nous a permis de répondre à la première demande. » Cette phase d’urgence passée, PHI est désormais engagée dans la deuxième phase, celle de la coordination : « Nous regroupons aujourd’hui l’ensemble de nos dons sur une plateforme à Auch, dans le Gers, d’où est organisé leur transport avec une association franco-ukrainienne, partenaire dans la région de Berdytchiv à 150 km au sud-ouest de Kiev », précise-t-il. « PHI Gers gère la logistique et le siège national, la partie administrative et financière. Deux camions partent chaque mois vers cette région. » Et fidèle à sa mission première d’aide au développement, l’association se prépare à la troisième phase, celle de la reconstruction après la guerre : « Nous regroupons du matériel médical, dont des lits médicaux, via une plateforme spécialement créée à Angers. Il sera envoyé aux hôpitaux détruits dès la fin de la guerre », conclut Alain Berthon.

Le fonctionnement de l’association

Sur le plan financier, PHI fonctionne grâce aux cotisations de ses adhérents, à des subventions, des dons d’entreprises ainsi que la collecte des anciennes radiographies en partenariat avec une entreprise agréée qui les rachète pour récupérer les sels d’argent. PHI a également des partenariats avec des industriels du médicament et de consommables de soins (compresses, pansements, etc.) ainsi qu’avec des clubs services (Lions Club, Rotary, etc.).

Les pharmaciens et étudiants en pharmacie qui le souhaitent peuvent adhérer à PHI et rejoindre l’une des associations locales de PHI. S’il n’en existe pas dans le département, il est possible d’en créer une. Elle sera impérativement présidée par un pharmacien.

Il est également possible de soutenir PHI en faisant un don (en ligne ou par courrier).

Les établissements hospitaliers, cliniques ou Ehpad qui se rénovent et/ou se débarrassent de matériels peuvent soutenir PHI via la collecte de matériel médical (lits, fauteuils roulants, béquilles…).

Enfin, les laboratoires pharmaceutiques souhaitant nouer un partenariat avec PHI peuvent prendre contact avec l’Établissement pharmaceutique au 04 66 40 30 67.

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Établi en mars 2023