Pharmacotechnie
22/07/2021

L’oncologie, terrain naturel de la pharmacie clinique 

La pharmacie clinique a été consacrée par l’ordonnance de 2016 et le décret de 2019. Le patient est placé au cœur des actions de cette activité. Une démarche qui peut s’appliquer tout particulièrement en oncologie. La journée de formation Partage d’expertise production de chimiothérapie (PEPC) de 2021 y a consacré une séquence importante de son programme.

Parallèlement aux travaux de la Société française de pharmacie clinique (SFPC), c’est l’ordonnance du 15 décembre 2016 relative aux PUI(1) qui introduit réglementairement la pharmacie clinique dans les missions du pharmacien hospitalier. En 2019, le décret du 21 mai relatif aux PUI(2) précise quant à lui les actions de pharmacie clinique et place le patient au centre de cette activité avec le bilan de médication, le plan pharmaceutique personnalisé, les entretiens pharmaceutiques et les actions d’éducation thérapeutique du patient (ETP).

L’amélioration du bon usage du médicament

Au vu de cette définition, la pharmacie clinique est tout à fait en phase avec la démarche de prise en charge en oncologie. « Les retours d’expériences des pharmaciens confirment que nous faisons bien de la pharmacie clinique en oncologie », rapporte le Pr Catherine Rioufol, Pharmacien, Chef de service aux Hospices civils de Lyon, lors de ces journées PEPC. Le patient atteint d’un cancer est polymédiqué et suit un traitement anti-cancéreux injectable ou oral. Il peut aussi prendre d’autres médicaments directement associés voire des thérapies alternatives complémentaires, ce qui l’amène à rencontrer plusieurs prescripteurs. « Le déroulement du traitement du patient implique donc le pharmacien dans son suivi éducatif, pour prévenir et réduire les effets indésirables, les potentielles interactions médicamenteuses et favoriser l’observance », constate-t-elle. 

La conciliation médicamenteuse peut ainsi être exercée à différents moments du parcours patient : à son entrée ou à sa sortie d’hospitalisation, pendant l’hôpital de jour, en consultation. « Au cours des dix dernières années, l’intervention directe du pharmacien auprès du patient et la mise en place d’un parcours nous permet de constater l’amélioration du bon usage des médicaments et de la gestion des toxicités », souligne le Pr Rioufol.

L’intégration de la pharmacie clinique oncologique dans l’activité de la PUI

Mais ce rôle du pharmacien, encore relativement nouveau, interroge sur l’intégration de la pharmacie clinique oncologique dans une activité de PUI déjà existante. 

Il est possible de dégager plusieurs modèles. Schématiquement, le premier repose sur les moyens déjà alloués, ce qui implique pour l’équipe « de savoir dégager du temps et donc de limiter celui dédié à l’hyperspécialisation ou encore faire le choix de ne pas se robotiser car les évolutions technologiques prennent du temps », estime le Dr Isabelle Madelaine-Chambrin, Chef de service de la PUI de l’hôpital Saint-Louis (AP-HP). L’équipe doit ensuite prendre un temps de réflexion à l’évolution de son organisation. 

Le deuxième modèle, lui, repose sur la création d’une nouvelle équipe spécialisée en pharmacie clinique oncologique. Elle va être en lien direct avec les patients dans le cadre de l’hospitalisation de jour, de l’hospitalisation complète, des consultations de thérapie orale. « Cette nouvelle équipe va devoir déterminer qui va être responsable de quoi et comment elle va s’articuler avec l’équipe de pharmacotechnie, décrypte le Dr Madelaine-Chambrin. Cela requiert des temps de collaboration et d’échanges, une demande de moyens pour cette nouvelle activité - ce qui est loin d’être toujours acquis, et de prouver l’efficience pour le patient et la PUI. »

Le modèle patient-centré

Un troisième modèle consiste à articuler les deux premiers dans une approche patient-centrée. Il repose sur la possibilité, au sein d’une même PUI, d’avoir un pharmacien expert en pharmacotechnie qui a la responsabilité des anticancéreux injectables. Il va donc s’intéresser au parcours du patient, à ses prescriptions et, dans sa démarche de soins pharmaceutiques centrée sur le patient, il va participer aux réunions de concertation pluriprofessionnelles (RCP). 

Au sein de cette même équipe, peuvent également exercer un pharmacien spécialisé dans les essais cliniques, un autre dédié au suivi ambulatoire du patient ou encore un pharmacien spécialisé dans les CAR-T cells. « Cette équipe de pharmaciens experts s’intéresse au patient atteint de cancer dans les différentes dimensions de son traitement, ils ont donc tous besoin, pour optimiser leur expertise, de faire de l’analyse pharmaceutique, de s’intéresser à l’ensemble de la prise en charge, de participer à la RCP, analyse le Pr Rioufol. Cette volonté de dérouler l’expertise pour répondre au mieux aux besoins du parcours de soins du patient démontre que nous effectuons quotidiennement de la pharmacie clinique oncologique. » Cette approche peut être complétée par un recueil de toute l’information nécessaire pour la diffuser au patient et aux professionnels libéraux afin d’éviter la rupture de prise en charge.

Une mise en œuvre complexe

« Dans la pratique, la faisabilité de cette mise en œuvre est complexe et implique une mutualisation des fonds, a reconnu le Pr Rioufol. Néanmoins, j’estime qu’il est important de conserver cette hyperspécialité et de s’intéresser à la pharmacie clinique oncologique car nous sommes le premier interlocuteur des services de cancérologie. Des services qui se tournent vers nous pour optimiser la prise en charge des patients. »

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Établi en août 2022