Pratiques innovantes
17/03/2022

Les pharmaciens à l’heure de la certification périodique

L’ordonnance du 19 juillet 2021 consacre l’obligation de certification périodique pour sept professions de santé régies par un ordre. Les pharmaciens sont concernés. Qu’est-ce que cela induit ? Éléments de réponse.

Il importe en préambule d’effectuer une précision sémantique loin d’être anecdotique tant elle donne à voir la finalité du dispositif : il convient, en effet, de parler de certification périodique et non de re-certification dans la mesure où le diplôme initial obtenu par le professionnel de santé, quel qu’il soit, n’est pas, en lui-même, une certification. Un Conseil national de la certification périodique est, en outre, chargé d’en définir la stratégie, le déploiement et la promotion. A ce jour, sont concernés : les pharmaciens officinaux comme hospitaliers, les médecins, les chirurgiens-dentistes, les sages-femmes, les infirmiers, les kinésithérapeutes et les pédicures-podologues.

Trois objectifs, quatre axes

A compter du 1er janvier 2023, chaque professionnel de santé nouvellement diplômé bénéficiera d’un délai de six ans (soit au 1er janvier 2029) pour satisfaire l’obligation de certification périodique. Ceux en exercice disposeront, dans un premier temps, de neuf ans (soit au 1er janvier 2032) puis de six ans comme les autres. Les pharmaciens sont, comme les autres, soumis au droit commun de ce dispositif, lequel revêt un triple objectif : le maintien des compétences ; la qualité des pratiques professionnelles ; l'actualisation et le niveau des connaissances.

Dans la lignée de ce triptyque, chaque professionnel de santé devra suivre un programme minimal d'actions déclinant quatre axes :

  • actualiser ses connaissances et ses compétences ;
  • renforcer la qualité de ses pratiques professionnelles, notamment, pour ce qui est des pharmaciens hospitaliers, en participant à des évaluations de pratiques professionnelles ou en siégeant au sein de commissions de concertation multidisciplinaire et de comités de retour d’expériences à l’hôpital ;
  • améliorer la relation avec ses patients, ce qui n’a rien d’évident à l’hôpital où le pharmacien, selon son activité, n’est pas forcément en contact direct avec les malades ;
  • mieux prendre en compte sa santé personnelle afin d’exercer dans la plénitude de ses moyens, de renforcer son bien-être et d’éviter le burn out.

Un référentiel de certification périodique par profession

Évidemment, ces thématiques recèlent des modalités différentes selon les professions. Aussi est-il prévu que les Conseils nationaux professionnels (CNP) arrêtent, pour la profession et les spécialités qu’ils chapeautent, un référentiel de certification périodique qui définisse les actions spécifiques possibles. Le ministre de la Santé validera ensuite le référentiel de certification périodique de chaque profession.
Il appartiendra alors à chaque professionnel de choisir, parmi les actions prévues dans les quatre axes par son référentiel de certification périodique, celles qui correspondent le mieux à ses envies et à ses besoins.
Les actions réalisées dans le cadre du Développement professionnel continu (DPC), de la formation continue et de l'accréditation seront prises en compte au titre du respect de l'obligation de certification. Et ce, afin d’éviter les doublons dans les cursus.
Les actions réalisées par les professionnels de santé au titre de la certification périodique seront consignées dans un compte individuel dont la gestion sera assurée par une autorité administrative désignée par décret.
Enfin, il reviendra aux ordres professionnels, notamment celui des pharmaciens, de contrôler le respect, par les professionnels de santé, de leur obligation de certification périodique. Ceux qui s’y soustrairaient commettraient une faute susceptible d'entraîner une sanction disciplinaire.

Une déclinaison en gestation

Le Conseil national des pharmaciens, qui représente toutes les composantes de la pharmacie, aussi bien à l’hôpital qu’en officine et en laboratoire, s’est déjà attelé à la tâche pour concevoir ledit référentiel. Il devrait rendre sa copie d’ici juillet prochain « Pour l’heure, nous en sommes au stade de l’échange des idées, explique le Dr Marie-Laure Brandely-Piat, pharmacien hospitalier au Groupe hospitalier Paris Centre, membre du CNP. Il est question que les items varient selon qu’ils sont destinés aux officinaux, aux hospitaliers ou aux pharmaciens travaillant dans l’industrie pharmaceutique. Certains seront néanmoins communs. Le but est de créer des parcours-types adaptés aux uns et aux autres, sans être restrictif et en laissant la porte ouverte à diverses modalités. »
Le tout en restant éminemment concret : « Ces formations ponctuelles devront être en lien avec le quotidien des pharmaciens pour que cela ne se transforme pas en usine à gaz, prévient-elle. Il ne faut pas que cela se résume à des modules que l’on validerait juste pour obtenir la certification mais sans intérêt réel pour le professionnel de santé. »

Quelles conséquences pour l’hôpital ?

« En soi, la certification périodique est une bonne chose puisque se former tout au long de sa vie professionnelle est une nécessité, poursuit le Dr Brandely-Piat. Sur le plan organisationnel, il faut espérer que cela contribuera à intégrer davantage le pharmacien hospitalier dans les diverses instances de l’hôpital. » La question qui se pose est celle du temps et des moyens financiers qu’il conviendra de dégager pour qu’il puisse se soumettre à cette obligation. Et ce, à l’heure où l’hôpital est en sous-effectif et soumis à des contraintes budgétaires importantes.

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Établi en août 2022