(1) « Automatisation et robotisation de la prise en charge médicamenteuse dans les établissements sanitaires - Synthèse bibliographique », d’après OMEDIT Ile-de-France, RESAH Conseil et ARS Ile-de-France 21 août 2019
Pratiques innovantes
18/02/2021
La robotisation se poursuit en PUI
Accroissement de l’activité, sécurité des process, amélioration des conditions de travail des préparateurs et des pharmaciens… les raisons ayant poussé certaines PUI à automatiser une partie de leur procédures, en particulier la préparation des chimiothérapies, sont variées. Aperçu.
Absorber un surcroît d’activité
L’Institut universitaire du cancer de Toulouse‐Oncopole (IUCT‐O) dispose ainsi, depuis 2016, d’un automate capable de préparer environ 12 000 chimiothérapies par an, soit un dixième des chimiothérapies produites annuellement par la structure. Il est dédié aux préparations standardisées (dose banding) et non aux préparations magistrales, pour une « efficience maximale de l’appareil », explique le Dr Sophie Perriat, pharmacienne au sein de l’unité de pharmacie clinique oncologique.
« L’IUCT‐O, créé en 2014, est issu du regroupement de l’Institut Claudius Regaud et de certains services du CHU de Toulouse, relate le Dr Perriat. L’unité de préparation s’est alors vue devoir prendre en charge un tiers d’activité en plus. L’enjeu de l’automatisation était donc d’absorber le surcroît d’activité avec un effectif relativement contraint. » L’objectif, à terme, est de pouvoir « monter en charge » en termes de volume et de diversité des productions.
Réduire la pénibilité du travail
« Nos préparateurs et internes ont tous été formés à l’utilisation de cet automate, car nous ne souhaitions pas de personnels dédiés, complète-t-elle. Ils alternent ainsi régulièrement à ce poste. Aujourd’hui, l’automatisation est parfaitement intégrée dans l’équipe. Elle apporte de la souplesse dans l’organisation et réduit la pénibilité du travail liée au surplus d’activité. »
Le Dr André Rieutord, chef de département de pharmacie clinique de l’Institut Gustave Roussy, confirme : « la massification du nombre de patients dans les hôpitaux de jour, la concentration des établissements et la hausse d’activité associée, a rendu nécessaire des procédures et des modes de fonctionnement calqués sur des process industriels. » Et ce, afin d’accroître la rapidité de préparation des traitements, d’absorber l’augmentation des flux et de limiter les gestes répétitifs, lesquels peuvent générer des troubles musculo-squelettiques (TMS).
Sécuriser les processus de fabrication
Au sein de l’Institut situé à Villejuif, en région parisienne, le projet de robotiser la préparation des solutions injectables date du début des années 2000. « À l’époque, nous partions d’une feuille blanche, puisqu’aucun autre projet similaire n’existait, explique le Dr Romain Desmaris, responsable de l’unité de préparation des chimiothérapies. Nous souhaitions renforcer la sécurité de nos opérateurs face au risque chimique et améliorer nos processus de fabrication afin de réduire le risque de surdosage et d’effet indésirable majoré. Ainsi, jusqu’à la fin des années 2000, nous avons effectué des tests sur deux prototypes d’automates, poursuit-il. En parallèle, d’autres établissements ont travaillé sur ces sujets, comme à Poitiers par exemple. Puis, progressivement, l’offre de solutions automatisées sur le marché s’est étoffée, nous permettant de réellement envisager une robotisation de nos activités. »
L’Institut Gustave Roussy a ainsi mis en service, en 2018, deux robots « capables de traiter 80 à 90 % de nos flux quotidiens », résume le Dr Desmaris. Interfacés avec le système d’information de l’établissement, ils effectuent à l’heure actuelle jusqu’à 120 préparations par jour, sur les quelques 300 produites quotidiennement.
L’humain, toujours indispensable
L’ambition de l’Institut est désormais de passer de 33-40 % de production automatisée à 50-60 % d’ici septembre 2020 puis, en 2021, d’acheter un troisième appareil pour automatiser 70 % de la production totale, y compris la préparation des poches d’un litre pour les chimiothérapies pédiatriques. « Cela nous permettra de réallouer le temps gagné vers des activités cliniques à haute valeur ajoutée », évoque le Dr Rieutord.
Il n’est toutefois pas question de se passer d’« humains ». Chaque robot nécessite en effet l’intervention d’un opérateur, pour charger et décharger l’appareil, ou encore, s’assurer du bon déroulement des process.
« L’activité de préparation se déroule en trois temps : préparation, contrôle par un deuxième opérateur, puis délivrance. Le déroulement des deux premiers a évolué, puisque le robot peut faire lui-même un certain nombre de contrôles, tels que la vérification, par vidéo et par pesée, que le produit préparé correspond bien à la prescription, dans le volume requis. Néanmoins, le pharmacien reste responsable de la libération pharmaceutique et s’assure, en fin de processus, que le produit est tout à fait conforme », pointe le Dr Romain Desmaris.
Et à l’avenir ?
« La production automatisée reste une production soumise à l’aléa, comme la production manuelle, même si la formation des équipes permet de s’adapter », ajoute le Dr Perriat. De plus, « une partie de la production ne peut être que manuelle, de par sa technicité : lorsqu’elle nécessite des mélanges/ajouts, tels que des ajouts d’albumine, par exemple ».
Un avis partagé par le Dr Desmaris : « À l’avenir, les robots ne cesseront d’évoluer et l’intervention humaine sera de moins en moins importante. Sans doute pourront-ils traiter des volumes encore plus conséquents ou fonctionner en autonomie toute la nuit, par exemple. » Peut-être pourront-ils également faciliter la fabrication d’antibiotiques, d’anesthésiques, de poches de nutrition parentérale… « La présence humaine restera pour autant toujours indispensable », conclut-il.
Un partenariat essentiel avec l’industriel
Le fournisseur propose généralement l’installation puis la prise en main, sur site, de l’appareil. « Une collaboration étroite avec lui est nécessaire », insiste le Dr Rieutord. Au sein de l’Institut Gustave Roussy, les robots ont été installés et mis en routine en un mois et demi. La formation du personnel à leur utilisation a duré environ une semaine.
Quelques outils méthodologiques
L’Omedit d’Île-de-France a mis en ligne, sur son site, divers outils pour aider les établissements de soins : un « Guide d'élaboration et de mise en œuvre d'un projet d'automatisation », un outil d’ « évaluation de la maturité des projets pour un établissement ayant un projet d'automatisation de la prise en charge médicamenteuse » ou encore un questionnaire pour évaluer la pertinence à s’engager dans un tel projet.
Lien : http://www.omedit-idf.fr/automatisation-de-la-pecm/#1573052259670-98ac3c71-1a05
Information médicale
Une question sur un produit ? Un article que vous souhaitez consulter ? Besoin d'aide pour vos recherches bibliographiques ? Nous pouvons vous aider.