Pratiques innovantes
17/02/2022

Ségur de la santé - la pharmacie d’officine entame sa transformation numérique

Initié en 2020, le volet numérique du Ségur de la santé doit permettre la généralisation et la sécurisation du partage de données entre professionnels de santé et patients. Ce chantier d’envergure concerne aujourd’hui six secteurs d’activité dont la pharmacie d’officine. Le point sur les enjeux et les grandes échéances.

A l’été 2020, les accords du Ségur de la santé actaient, entre autres, la nécessité d’investir massivement dans le numérique. L’enjeu : accélérer la feuille de route nationale du numérique en santé présentée au printemps 2019. L’ambition s’est traduite par la mise en place d’un Ségur numérique de la santé auquel l’État a décidé de consacrer une enveloppe de deux milliards d’euros. Piloté par la Délégation au numérique en Santé (DNS), les travaux ont débuté dès l’automne 2020. Six secteurs d’activités ou « couloirs » ont été identifiés pour mener à bien les objectifs de généralisation du partage sécurisé des données de santé et numérisation du parcours de soin : biologie médicale, hôpital, radiologie, médecine libérale, médico-social et officine. Parmi les leviers figurent notamment la mise à jour et le financement des logiciels et une évolution du cadre réglementaire.

Une task force dédiée

Un premier travail de concertation a été mené par des task forces (forces opérationnelles) – réunissant professionnels de santé, syndicats, usagers, institutions, éditeurs de logiciel, etc. – propres à chacun des six couloirs. La pharmacie d’officine a débuté ses travaux le 1er septembre 2021 avec une centaine de représentants de l’écosystème officinal. « Durant cette phase de concertation, nous avons analysé les pratiques, déterminé les données à partager entre les acteurs du parcours de soin et identifié les freins », relate Olivier Clatz, directeur du programme Ségur numérique. La profession a rapidement pointé «  la nécessité de faire évoluer les logiciels de gestion d’officine (LGO) afin de passer d’une logique de facturation à celle d’un outil permettant de prendre en compte le dossier patient, souligne Xavier Vitry, directeur de projets au sein de la DNS. Car si aujourd’hui, le pharmacien d’officine est reconnu comme un acteur structurant de l’offre de soins, les logiciels n’ont pas pour autant suivi cette évolution du métier vers la coordination et le parcours de soins des patients. »

Coordination et authentification

La première vague du Ségur numérique s’est donc appuyée sur ces premiers constats pour faire évoluer les LGO. Ainsi, les logiciels mis à jour devront permettre de consulter des documents et des données numériques reçus de professionnels de santé par Messagerie sécurité de santé (MSS) ou provenant du Dossier médical partagé (DMP), de générer certains types de documents et données numériques, tels que le compte-rendu d’entretien pharmaceutique, le bilan partagé de médication ou encore la note de vaccination. « Seront également intégrés des outils liés à la carte vitale dématérialisée, à la e-prescription unifiée et au socle du Ségur tels que la MSS, Pro Santé Connect (service national d’authentification électronique pour les professionnels de santé), l’identifiant national de santé et le DMP », énumère Xavier Vitry.
Les logiciels prendront également en compte les évolutions du Dossier pharmaceutique visant à faciliter la prise en charge du patient par le pharmacien d’officine notamment via un accès aux données patient et une sécurisation des dispensations médicamenteuses. « Cette première vague devrait permettre de poser les premiers jalons autour de l’identification et l’intégration des cartes professionnelles des pharmaciens et des préparateurs dans les logiciels », poursuit-il.

Premières échéances

Toutes ces exigences sont consignées dans des référentiels nationaux auxquels les éditeurs vont devoir se conformer pour mettre à jour leurs logiciels. « Ils doivent se faire connaître en qualité de candidat auprès de l’Agence du numérique en santé avant le 31 mars 2022. Puis, l’ANS statuera sur l’éligibilité du logiciel et, enfin, elle procédera à leur labellisation à la suite d’un processus de vérification », détaille Xavier Vitry. Parallèlement, les officines pourront passer une pré-commande auprès de leur éditeur et ce, jusqu’à fin 2022. Le déploiement pourra commencer dès que l’éditeur sera labellisé « Ségur ».
« Toutes les évolutions nécessaires au LGO ne pourront être faites en une seule fois, prévient Olivier Clatz. Nous avons opté pour une stratégie des petits pas. Avancer tout en se laissant la possibilité de corriger d’éventuelles erreurs. L’expérience acquise sur cette première vague de financement permettra de financer des correctifs dans une deuxième vague. » Les commandes des pharmaciens prendront fin le 18 décembre 2022, date limite pour bénéficier de la prise en charge de l’Etat. L’ensemble des commandes de cette première vague du volet numérique du Ségur devra être installée dans les pharmacies avant le 31 mars 2023.

Une deuxième vague dès mars 2022

Une seconde vague, concomitante à la première, débutera par des groupes de travail métiers en mars 2022 pour s’achever par le déploiement en pharmacies en décembre 2023. « A partir de cette date, nous allons entamer des travaux autour des cas d’usage et poursuivre la résolution des problématiques complexes mis de côté à l’occasion de la première vague », résume Xavier Vitry. « Cela concernera notamment le référentiel médicament qui est aujourd’hui propre à chaque éditeur. L’enjeu est de développer un référentiel commun », illustre Olivier Clatz. Et d’ajouter : « Cette première phase nous a permis de passer du temps en concertation, de poser les fondamentaux de la modernisation des outils numériques, de réfléchir au cadre et à la mise en œuvre. Désormais, nous entrons dans une phase de transition. Nous passons le témoin aux professionnels de santé et les éditeurs de logiciels. Nous enjoignons l’ensemble de l’écosystème à s’emparer de ces dispositifs de financement pour en faire un succès. » Les PUI ne sont pas encore spécifiquement concernées par le Ségur numérique. « Des évolutions se verront plus globalement au niveau des systèmes d’informations des hôpitaux, indique toutefois Xavier Vitry. Il nous faudra aussi travailler autour de la relation ville-hôpital notamment autour du sujet de la prescription. »

Ségur numérique : un financement sous conditions

Deux types de financements forfaitaires communs à l’ensemble des couloirs sont prévus pour chacune des deux vagues du Ségur numérique. Le premier dispositif finance l’installation des logiciels labellisés « Ségur ». La somme est directement versée aux éditeurs labellisés dès lors qu’ils ont apporté la preuve de l’installation et de l’utilisation du logiciel. « Il n’y a pas de reste à charge pour l’officine en dehors du matériel ou des coûts de rattrapage d’une version trop obsolète du logiciel », précise Xavier Vitry. Le guichet financement de cette première vague débutera en avril 2022 pour s’achever en février 2023.
Le second financement incitant les professionnels de santé à atteindre des cibles d’usage (partage et échange de données) est également annoncé, mais doit encore faire l’objet de négociations conventionnelles avec l’Assurance maladie.

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Établi en août 2022