Depuis sa découverte, le microbiote intestinal ne cesse de surprendre. Il joue un rôle crucial dans le métabolisme mais aussi l’immunité (1). Des chercheurs français, menés par la professeure Laurence Zitvogel, médecin oncologue et immunologiste à l’Institut Gustave Roussy, ont même montré qu’il pouvait être décisif sur le succès de traitements anticancéreux. Lisa Derosa, médecin oncologue de cette équipe, explique : « Depuis 2013, nous avons établi plusieurs preuves de concept montrant l’impact des micro-organismes peuplant l’intestin sur l’efficacité des chimiothérapies immunomodulatrices ».
Tout d’abord, les chercheurs ont démontré que la prise d’antibiotiques impacte l’efficacité des immunothérapies. « Des données chez la souris avaient montré que les antibiotiques bloquent les immunothérapies, énonce Lisa Derosa. En 2018, nous avons pu montrer le même phénomène sur des données cliniques grâce à une étude rétrospective auprès de patients souffrant de tumeurs du poumon, du rein et de mélanomes (2). Chez les malades ayant pris des antibiotiques 60 jours avant l’immunothérapie, on mesure une baisse à la fois de la survie sans progression et de la survie globale ». Par la suite, de nombreuses études (3) ont mis en évidence un phénomène comparable dans d’autres cancers, métastatiques ou non. « Nous pensons que les antibiotiques altèrent la flore intestinale ce qui bloque l’action de l’immunothérapie », explique la spécialiste.