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Expertise PUI
Économie de la santé

La réforme de l’accès précoce a été mise en place en 2021. Elle introduisait deux circuits d’accès anticipé au marché, en pré-AMM et post-AMM. L’infographie ci-jointe permet de rappeler le processus mis en place. Au-delà, que pouvons-nous dire des premières années de vie de cette procédure, mise en place depuis juillet 2021 ? Bilan avec Isabelle Borget, PU-PH, pharmacienne, économiste de la santé à Gustave Roussy et professeure en économie de la santé à Paris-Saclay.

Les deux circuits d’accès précoce, pré et post-AMM, présentés dans l’infographie ci-jointe, correspondent à la théorie de ce dispositif mis en place à compter de juillet 2021 ainsi qu’à la réalité de ce qui se passe depuis. À une nuance près : l’accès précoce était prévu pour une durée maximale de deux ans, le temps que soit négocié le prix entre le laboratoire et les autorités. « Or, on constate que ce délai est en train d’être dépassé, les négociations étant toujours en cours pour un certain nombre de molécules au-delà des deux ans », souligne Isabelle Borget.

Accès précoce pré ou post-AMM ?

Si les autorités comptaient beaucoup sur la procédure pré-AMM, dans les faits, c’est plutôt l’accès précoce post-AMM qui est le plus sollicité par les laboratoires : cela concerne 54% des premières demandes1. « Le mécanisme de l’accès précoce pré-AMM intervient très en amont, souligne Isabelle Borget. C’est sûrement ce qui freine les laboratoires, car cela nécessite pour eux d’énormément anticiper sur le plan logistique : production du médicament, étiquetage, distribution, etc. Cela les oblige également à dévoiler une partie de leur stratégie en donnant à l’avance des données et des éléments de prix, en raison, à ce moment-là, du calcul d’une indemnité pour cette mise à disposition précoce. »
Résultat, c’est la procédure post-AMM qui fait l’objet du plus grand nombre de demandes. Rappelons que cette procédure est proche de l’accès direct. Sauf que le dispositif d’accès direct est justement réservé aux médicaments qui n’ont pas demandé ou qui se sont vus refuser cet accès précoce. L’accès direct met en œuvre un processus dérogatoire post-HAS, avec un passage par la HAS et la commission de la transparence pour obtenir un Service Médical Rendu (SMR) et une Amélioration du Service Médical Rendu (ASMR). C’est seulement s’ils obtiennent un SMR important et un ASMR de niveaux I, II, III ou IV qu’ils peuvent obtenir un accès direct, avec une mise à disposition du médicament dans le mois suivant le passage à la HAS. Ce qui n’est pas le cas pour l’accès précoce post-AMM, où les médicaments peuvent être disponibles dans le mois suivant l’AMM.

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Un dispositif à succès !

Là où il y avait une vingtaine d’indications de molécules en Autorisation temporaire d'utilisation (ATU) avec l’ancien dispositif, nous en sommes à plus de 200 indications depuis 20211,2. « Ce dynamisme est particulièrement porté par l’oncologie, qui est à l’origine de 50 % des nouvelles molécules », souligne Isabelle Borget. Mais si jusqu’à fin 2023, 80 % des demandes présentées étaient acceptées, la tendance semble s’inverser depuis début 2024. « La HAS semble faire évoluer sa doctrine et il y a beaucoup plus de dossiers refusés, notamment en oncologie, constate Isabelle Borget. Il est vrai que les besoins sont moindres car il y a eu beaucoup de molécules autorisées dans certains cancers, y compris certaines molécules en accès précoce. »

Les pharmaciens acteurs clés du dispositif

Depuis trois ans, le nouveau dispositif d’accès précoce fait beaucoup parler, en particulier à propos de son volet collecte de données. Ce que les faits ont confirmé : le respect du protocole d’utilisation thérapeutique et du recueil des données en vie réelle (PUT-RD) est lourd à assumer, d’autant que la plupart du temps, les médecins ne peuvent pas le faire et le délèguent. La charge revient donc à la PUI. Or, les enjeux sont importants : « Si l’établissement reçoit un dédommagement pour cette collecte sur la base d’un forfait lié au nombre de visites de suivi, il est soumis à des bonus/malus en fonction du taux de remplissage des questionnaires, et le malus peut être très important si les questionnaires ne sont pas remplis », rappelle Isabelle Borget. 
L’autre point délicat est lié au nombre de molécules en accès précoce aujourd’hui. Ces médicaments ont un circuit spécifique, très proche de celui des molécules utilisées pour les essais cliniques – commande, gestion, fabrication, gestion du stock, remplissage des PUT-RD –, ce qui alourdit leur gestion au sein de la PUI. La deuxième conséquence de cet effet "nombre" des molécules en accès précoce tient à l’ampleur de la veille réglementaire à assurer pour toujours disposer de la bonne information sur le statut de la molécule. Ce problème a été résolu par OncoAccess, un service en ligne créé par un pharmacien de l’Institut Curie, sous l’égide de la Société française de pharmacie oncologique (SFPO). Grâce à l’implication d’une équipe de pharmaciens répartis dans toute la France, OncoAccess assure un suivi quotidien, ce qui permet de disposer en permanence de la liste des médicaments en accès précoce à jour et des liens utiles pour le remplissage des données et les commandes.

Références :

1. Bilan à deux ans de la HAS du dispositif : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2023-10/synthese_aap_2ans.pdf

2. Bilan 2023 de la Commission de la transparence (CT) : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2024-06/rapport_dactivite_2023_de_la_ct.pdf

 À retenir

  • La procédure post-AMM de l’accès précoce est celle qui rencontre le plus de succès.
  • Après l’intégration d’un grand nombre de molécules entre juillet 2021 et décembre 2023, le nombre de dossiers acceptés diminue depuis début 2024.

La gestion est lourde pour les PUI, mais des outils se mettent en place comme le service de veille en ligne OncoAccess.

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